Les addictions se retrouvent à la croisée du biologique, du psychologique et du social, c’est une évidence depuis plusieurs décennies.
Il fut un temps où le modèle dominant était biomédical. Les choses
ont changé dans les années 1970 et depuis les travaux désormais célèbres de Engel en Amérique ou Olievenstein dans le monde francophone.
Les spécialistes des addictions doivent désormais prendre en compte cette dimension qui peut rapidement les dépasser : le social.
Mais ce nécessaire dépassement d’une vision centrée sur l’individu ne
concerne pas uniquement le champ des addictions. Il vaut également
pour la santé mentale qui lui est étroitement liée.
Selon les conceptions de la sociologie classique, de Durkheim à
Bourdieu, le tout dépasse la somme des parties et se traduit par des
phénomènes sociaux qu’il nous faut comprendre. Il y a des éléments
qui se combinent et s’assemblent, mais pris ensemble, ils composent
une autre image, que l’on peut appeler aussi nature, environnement,
culture, en fonction des lunettes que l’on adopte. Il convient toutefois
de ne jamais oublier qu’il y a un continuum entre ces éléments.
Les addictions, ainsi que la santé mentale, nous en donnent un excellent aperçu. Une substance rencontre ensuite un être vivant, par hasard et cela, au fur et à mesure de son histoire, influence sa santé mentale. Lors de la consommation, des effets sont ressentis, vécus, parfois subis. Il peut y avoir un changement du rapport
au monde et un impact sur la santé psychique. Mais peut-être est-ce l’inverse ? Les relations de cause à effet sont complexes à établir. Petit à petit, certains êtres vivants développent des pratiques qui deviennent parfois des habitudes et qui s’inscrivent finalement dans ce que l’on peut appeler une culture : quelque chose qui soude un groupe et est transmis par des valeurs, des traditions, l’art ou encore des croyances.
Dans la culture contemporaine postmoderne, nous étudions la manière dont les cultures se construisent (la santé mentale dans l’histoire), nous en nommons les éléments (les neurosciences s’intéressent aux mécanismes chimiques lors de la consommation de substances ou de problèmes psychiques) et nous prenons conscience des mécanismes qui se mettent en place (le burn-out, la dépression, le trouble de l’usage d’une substance).
Mais nous découvrons également les discours construits autour des phénomènes (la santé mentale se soigne avec des substances, la drogue doit être combattue ou, au contraire, elle doit être comprise de manière holistique). Nous pouvons nommer ce type d’approche « acteur réseau » à la suite de Bruno Latour par exemple, ou suivre d’autres visions, mais aborder les choses ainsi permet de ne pas se laisser aller à des approches réductionnistes : la santé mentale est bien un phénomène biopsychosocial.
Forts de ces constats, nous nous intéressons dans ce numéro d’Addiction(s): recherches et pratiques, à la manière dont il est possible d’aborder la santé mentale. Les articles qui suivent présentent de nombreux éléments qui font comprendre la complexité de la situation. Ainsi, la société vieillit et la pyramide des âges
change : comment le prendre en compte de manière systémique ? Comment les discours transmettent-ils des approches de la santé mentale ? Que peuvent nous apprendre les peuples premiers sur leurs propres usages et traditions ? Faut-il avancer avec une vision ancrée uniquement dans une approche chimique ou s’ouvrir
à des approches alternatives ? Voilà autant de questions qui intéressent les spécialistes des addictions, mais aussi les personnes concernées.
Voilà déjà bien longtemps que les professionnels des addictions ont compris ces enjeux. Aujourd’hui, le parcours de soin se doit d’être intégratif et de prendre en compte les multiples facettes de la vie de la personne.
Les enjeux de santé mentale, dans une ère post-covid et de dérèglement climatique, prennent de plus en plus d’importance, notamment chez les jeunes. Le GREA fait figure de pionnier en Suisse avec son projet de collège du rétablissement qui permet à des binômes formés de professionnels et de pairs-aidants de donner des cours
dans une perspective de rétablissement : un article y est d’ailleurs consacré dans ce numéro. Ce projet s’inscrit dans une longue tradition qui consiste à favoriser la parole et la pleine participation des usagères et usagers, et ce à chaque niveau de la société : une participation rendue difficile dans nos sociétés qui veulent faire taire
les personnes différentes, marginalisées et qui débordent de notre cadre culturel.
Un projet comme la revue Addiction(s) : recherches et pratiques permet justement de dialoguer au-delà de nos frontières régionales, de confronter nos points de vue, d’apprendre et de remettre en question nos préjugés.
Camille Robert
Co-secrétaire générale
du Groupement romand
Romain Bach
Co-secrétaire général
du Groupement romand
d’études des addictions (GREA)
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